Photographies
Photographie argentique 2015 - 2018
Texte critique
Au coeur du verre, un invincible été Axelle Delorme
Un coucher de soleil dans le cœur, une langue de soleil et de lumière qui vous caresse l’âme, un bain dans l’immensité d’une mer infinie, faites de remous éternels et changeants au-dessus de récifs coralliens secrets... Claire Olivier fait partie de ces artistes qui ont le don de la pensée magique. Cette faculté si ténue, si merveilleuse qui travaille en arrière-plan, nourrie d’imaginaire, de réminiscences, d’une observation fine du monde, d’une acuité émotive singulière, d’une vie contemplative dont les effets traversent ensuite le corps, une maïeutique de l’esprit à la main. Prennent ainsi naissance des pièces, des œuvres, des morceaux d’un univers complètement neufs, fabriqué par l’artiste, dont elle seule conserve précieusement ce qu’ils renferment, et nous les offre comme une partie d’elle-même. Elle nous invite au cœur d’un Eden qui tient au creux de la main, un portail qu’elle ouvre dans votre paume, et palpite de tous ces possibles qui s’offrent à vous.
Le corps de Claire Olivier semble conduire la lumière, la transposer d’un état à l’autre. Elle fait briller la matière, lui donne une corporéité, une surface au travers de laquelle l’âme se révèle. Tout exprime une nostalgie chevillée au corps qui la porte, jaillissement de souvenir, écriture d’un récit passé qui n’a jamais existé, mais qui pourtant, est omniprésent. Claire Olivier nous donne le sentiment qu’il nous manque quelque chose, qu’elle comble une partie de notre histoire, qu’elle vient toucher de ses doigts cette petite part de nous qui s’est tapie dans l’ombre. Du firmament aux abysses, son travail nous plonge dans les limbes des souvenirs, de ceux qu’on ne pensait pas avoir.
Les pièces de Claire Olivier sont comme des talismans, des reliques, des objets que l’on garde précieusement dans la poche ou sur la peau, de ces morceaux de vie qui un jour peut-être, serviront à entrebâiller une porte, décloisonner deux mondes, ouvrir un passage entre plusieurs dimensions qui fusionneraient alors soudain. Les Glass Creatures nous entrainent par la main telles les sirènes de l’Odyssée, nous faisant entendre leur chant coloré séduisant, nous balançant au rythme de leurs reflets vivants. Délicats et subtils, ces êtres de verres mêlés deviennent les réceptacles des souvenirs, des mémoires, de l’éclat du temps passé.